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Hirondelle 1855 à nos jours

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Vapeur Hirondelle de 1855 à nos jours

Historique de l'hirondelle d'après un mémoire écris par malek SEDIRA que je remercie vivement pour son autorisation de publication.

Un résumé très intéressant de ses péripéties, de sa construction au naufrage en passant par les tentatives de sauvetage, son oubli et sa redécouverte jusqu'a nos jours.

Merci malek.

Daniel Mazza auteur du site.

L'Hirondelle

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Sommaire

1) Préface...............................................................................................2

2) Introduction.......................................................................................3

3) L' historique.......................................................................................4
Présentation générale
Les données techniques


4) Le Naufrage.......................................................................................6

5) Les tentatives de Sauvetage............................................................7

6) La redécouverte................................................................................9

7) L' Hirondelle aujourd'hui..................................................................10
Le désenvasage........................................................................................10
L' aspect juridique de l' Hirondelle
..............................................................14
Plongée loisir/photo..................................................................................15

8) Conclusion et bilan personnel..........................................................16

9) Biographie........................................................................................17

10) Remerciements...............................................................................18

11) Photographies.................................................................................19

12) Légendes des photographies..........................................................22



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L'Hirondelle

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Préface



L'hirondelle. Pour beaucoup, ce nom indique un charmant oiseau noir et blanc supposé annoncer l'arrivée du printemps.

Pour moi, c'est un peu différent. Ce nom évoque une épave mythique qui, pour une fois, ne se situe pas à des profondeurs inaccessibles à l'autre bout de la planète.
La première fois que j'ai entendu parler de ce bateau, je dois bien avouer que je n'étais pas vraiment intéressé, car en tant que débutant, la profondeur et la difficulté de cette plongée me semblaient bien trop grandes. Toutefois avec les années et l'expérience, j'ai changé d'avis et je pense désormais que pour n'importe quel plongeur du lac Léman, la possibilité de plonger sur cette épave représente toujours une aventure doublée d'une immense joie de pouvoir contempler cette vielle dame du lac.

Après être revenu sur la terre ferme, et en évoquant le déroulement de l'immersion, il est assez compréhensif de vouloir en savoir un peu plus sur l'histoire et les péripéties passées et présentes de ce qui fut un des fleurons de la société du bateau à vapeur de l'Aigle et de celle du Léman et qui plus tard fusionnèrent avec la société de l'Helvétie pour former l'actuelle CGN.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, un bateau devenu une épave n'a pas terminé son existence mais commence une nouvelle vie.
Cette épave, c'est aussi l'occasion de découvrir un bateau parfaitement conservé et dont on aurait paradoxalement perdu toute trace aujourd'hui s'il n'avait pas coulé il y a 140 ans.


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L'Hirondelle

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Introduction


Le sujet de ce travail personnel est donc le 1er bateau à vapeur entièrement construit en Suisse à naviguer sur le lac Léman et comme vous allez pouvoir bientôt le constater, son histoire a connu de nombreux rebondissements depuis son lancement jusqu'à aujourd'hui.

Je vais parler de sa courte vie de bateau marchand, de son naufrage mais aussi de sa renaissance en tant qu'épave du lac Léman et objet de fascination pour de nombreux plongeurs, photographes et historiens ainsi que de l'aspect juridique du bateau aujourd'hui.

J'espère pouvoir faire partager dans ce travail personnel mon enthousiasme et mes réflexions à ceux qui prendront le temps de le lire et qui peut-être un jour désireront découvrir l'Hirondelle de leurs propres yeux.




L' Hirondelle sur les quais de Genève aux côtés du Simplon. (Photo CGN)


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L'Hirondelle

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L'historique


Vers le milieu de XIX ème siècle, certaines compagnies de navigation attendent de l'arrivée du chemin de fer sur les bords du lac Léman, une importante augmentation des voyageurs. C'est le cas des sociétés de l'Aigle et du Léman qui commandent ensemble, à la maison Escher Wyss à Zurich, un grand bateau capable de contenir huit cents passagers. Baptisé Hirondelle, ce bateau est le premier du lac Léman entièrement construit en Suisse. Il quitte la cale sèche d'Ouchy le 27 août 1855 vers 15 heures. De part ses dimensions, il figure entre l'Aigle et le Léman, autres bateaux de la compagnie. La force nominale de sa machinerie est de 65 chevaux. Sa vitesse doit être de 15 milles par heure au minimum, ce qui doit lui permettre d'effectuer le trajet de Genève à Villeneuve en 3 heures 45, y compris les arrêts. Son service commence à la fin du mois suivant.
Le 19 février 1857, le bateau s'échoue à Promenthoux près de Nyon. Par chance, le bateau tiré conjointement par l'Helvetie, le Rhône et le Guillaume-Tell est remis à flot le lendemain après-midi. Le bateau peut ainsi rejoindre Genève et reprendre du service le surlendemain. Une importante foule de Nyonnais assiste au dégagement de l'Hirondelle. Ce genre d'accident attirait déjà les foules. Enfin le 10 juin 1862, triste date pour la navigation, l'Hirondelle talonne sur un rocher devant la Becque-de-Peilz. Il reste là, bloqué. Il est impossible de le retirer de cette situation scabreuse. Durant les travaux de dégagement, il affronte deux tempêtes. La seconde aura raison de l'Hirondelle qui sombre définitivement le 30 juillet 1862 vers 02h30.
Cent quatre ans plus tard, une équipe de copains passionnés de plongée, à la recherche de nouveaux sites, tombent par hasard sur l'épave. Et là, commence la nouvelle vie de l'Hirondelle avec, il est vrai, malheureusement aussi le pillage, par certains plongeurs irrespectueux, de certaines pièces comme la figure de proue qui aujourd'hui encore orne le salon de l'un de ces tristes personnages.



La tentative de renflouage du vapeur l' Hirondelle juin 1862. Photo collection privée Daniel Mazza.

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L'Hirondelle

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L'historique


Les données techniques :


L'Hirondelle fut lancée à Ouchy, le 27 août 1855. C'était le plus grand bateau de l'époque.

Ses données techniques sont les suivantes :

Longueur à la flottaison : 50.29 m (151 pieds)

Longueur hors tout : 52.30 m (158 pieds)

Largeur à la flottaison : 5.33 m (16 pieds)

Largeur hors tout : 11.50 m (33 pieds)

Hauteur de coque : 5.89 m (19 pieds)

Constructeur du bateau : Maison Escher Wyss à Zurich

Vitesse : 23 Km/h

Constructeur de la machinerie : Maison Escher Wyss à Zurich

Traction : Machine à 2 cylindres verticaux
oscillants à basse pression

Puissance de la machinerie : 65 chevaux

Charge du bateau : 800 personnes



Dessin reconstruction de E. Liechti.

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L'Hirondelle

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Le naufrage


Le 10 juin 1862, l'Hirondelle, partie de Genève à 8 heures du matin était aux environs de midi à Vevey. Quelques minutes après, par beau temps et avec trois cents cinquante passagers à son bord, en doublant la Becque-de-Peilz proche du port de La Tour-de-peilz, l'Hirondelle se trouva face à une barque qu'elle voulut contourner du côté de la rive. Le bateau toucha et s'échoua sur un rocher affleurant. Le capitaine put faire évacuer les passagers alors que l'avant de bateau s'enfonçait. De nombreux bateaux de pêcheurs de la Tour-de-peilz se portèrent au secours des voyageurs.
Le Simplon et le remorqueur Mercure venus du Bouveret tentèrent en vain de dégager l'Hirondelle. Une importante foule de curieux s'amassait sur la rive.
Dans les jours suivants, sous la direction d'un ingénieur de la maison Escher Wyss de Zurich , constructeur du bateau, on tenta de le renflouer en le soulevant par des chaînes placées sous l'étrave et fixées à des sapins placés transversalement et appuyés sur des barques. A l'aide de crics on essaya de le ramener à la flottaison, mais les travaux furent lents et pénibles. Finalement, le 29 juillet, une tempête, plus forte que celle du 12 juillet qui avait anéanti le travail effectué jusqu'alors, provoqua le naufrage définitif de l'Hirondelle.

Qu'est-ce qui a bien pu provoquer le naufrage ? Comment est-ce arrivé ? Qui est responsable de cette catastrophe ? Aurait-on pu l'éviter ? Voici les questions que je me pose !

Si on parcourt le rapport du préfet adressé au Conseil d'Etat vaudois de l'époque, on se rend compte, comme c'est souvent le cas lors d'une catastrophe, qu'il y n'a pas une mais plusieurs causes cumulées qui ont provoqué ce désastre.

Un premier point démontre que deux matelots étant malades jour-là, ceux-ci
ont été remplacés par deux suppléants dont l'un d'eux se trouvait au gouvernail lors de l'accident et visiblement ne connaissait pas cette partie du lac et ses rochers à fleur d'eau.

Le malheureux timonier, un nommé Visinand n'a pas entendu les cris des marins de la barque qu'il tentait d'éviter et qui lui disaient de passer au large.

Un autre point indique que le capitaine et le pilote étaient occupés à délivrer les billets aux nombreux passagers se trouvant à bord ce jour de marché et de ce fait n'ont pas pu effectuer une surveillance suffisante de la marche du bateau.


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L'Hirondelle

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On peut relever aussi que le timonier se trouvait donc à la barre située à l'arrière du bateau. Sa vision devait donc être plus ou moins mauvaise vu le nombre de passagers embarqués à ce moment-là et qui s'affairaient à prendre leur billet.

Je m'étonne donc que le pilote n'ait pas été à ce moment précis à son poste, pour guider le navire et ainsi aider le timonier dans sa tâche.

Finalement, à la lueur de ces explications, je me demande si comme il a été prétendu sur le moment, le timonier était le seul responsable de l'accident. Il me semble, pour ma part, qu'il ne l'était pas plus que le pilote ou le capitaine et qu'il a en partie servi de bouc émissaire. Sentiment qu'il a d'ailleurs renforcé en disparaissant les jours suivants.

A la question : aurait-on pu l'éviter ? Je répondrai que l'on ne peut pas refaire l'Histoire. Honnêtement, tout est possible et je ne peux qu'avouer mon ignorance. Mais après tout, avec des si et des mais….

Les tentatives de sauvetage


Le lendemain de l'échouage, les travaux de sauvetage commencèrent à s'organiser et même un associé de la maison Escher Wyss et & Cie à Zurich, qui avait construit le bâtiment, vint pour diriger les travaux.

On commença par mettre à l'avant des sapins couchés transversalement puis des chaînes furent placées sous la carène. Avec des crics on espéra le relever centimètre par centimètre et le mener dans un port du voisinage.
Cependant de graves déformations de la coque se laissaient voir, et le fait que les plus graves d'entre elles se trouvaient sous les chaudières ne facilitait guère le sauvetage. On restait ainsi, encore fort sceptique quant au renflouage du bateau.

Le 10 juin 1862 L' accident !


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L'Hirondelle

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Pourtant quinze jours après l'accident, le vapeur avait été relevé de deux mètres, et l'on commençait très sérieusement à envisager le succès total de l'opération.
Malheureusement, dans la nuit du 13 au 14 juillet 1862, soit un peu plus d'un mois après l'accident, une violente tempête se leva sur le lac et brisa les chaînes et cordes retenant le navire aux autres embarcations d'appui. Le matin suivant, on ne voyait plus que les bordages (planches ou tôles longitudinales qui recouvrent la charpente) et les portemanteaux de l'arrière. Finalement deux semaines plus tard, une deuxième tempête acheva le travail de destruction et l'Hirondelle disparut pour toujours sous les flots. Il faut ajouter qu'à cet endroit-là, le lac n'est profond que de quelques mètres. Mais que la pente est assez forte et que le navire a glissé jusqu'à son emplacement actuel de moins 41mètres pour la proue et jusqu'à moins 58 mètres pour l'arrière du bateau.



On évalué à l'époque, la perte du bateau à environ deux cents mille francs, y compris les frais considérables du sauvetage. Notons encore que sept années plus tard, un scaphandrier tenta vainement, pendant sept jours de retrouver l'épave mais ne trouva que des bouts de chaînes et quelques morceaux de métal d'aucune valeur ainsi qu'un vêtement resté suspendu à un cordage qui se balançait au gré des courants.

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L'Hirondelle

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La redécouverte


En 1966, une équipe de copains plongeurs cherche systématiquement des nouveaux sites de plongées en aquaplane (planche tirée sous l'eau par un bateau) pour repérer des falaises à une profondeur raisonnable entre 30 et 50 mètres. Un jour, ils arrivent sur la falaise de la Tour-de-Peilz qui s'étend du port jusqu'à la pointe de la Becque. Quatre plongeurs : Dominique D'Armand, Claude Schmidt, Claude Lang et André Piguet commencent à explorer cette falaise.
Tout d'un coup, ils trouvent tout un fatras de troncs d'arbres. Avec leurs petites lampes de l'époque, ils n'y voient pas grand-chose. En suivant les troncs d'arbre, ils tombent nez à nez avec le mât, ils trouvent la cheminée. Puis ils montent le long de cette cheminée qui comporte d'immenses " pétales " à son sommet, comme les bateaux du Mississipi. Sitôt la plongée finie, les quatre acolytes discutent de leur découverte. Une cinquième personne entreprend des recherches auprès de la Gazette de Lausanne et trouve le récit du naufrage de l'Hirondelle.

Très vite, cette épave devient un mythe. Mais la plongée est difficile et doit être réservée aux plongeurs expérimentés. Ce qui peut aisément se comprendre vu le matériel utilisé à l'époque et qui aujourd'hui peut être considéré comme étant hautement préhistorique. Malheureusement, on a dû déplorer les sévices de nombreux pilleurs. Tous voulaient ramasser un souvenir. Certains sont même descendus avec une scie à la main. Aujourd'hui, heureusement les adeptes de cette plongée semblent plus raisonnables et plus respectueux de ce vestige du passé.

Si la redécouverte de l'Hirondelle est assez sympathique, et même une superbe occasion pour les Vaudois, et les hommes-grenouilles en particulier, de découvrir un peu de leur passé, je trouve quand même extrêmement dommage que beaucoup de personnes aient décidé de se constituer une collection personnelle d'accessoires et d'objets ayant appartenu au bateau. Bien que toujours magnifique, l'épave a perdu à ces occasions un peu de son charme et de sa personnalité. Sans parler de l'aspect légal de cette façon de faire qui sera abordé dans un prochain chapitre.


Position et emplacement de l'épave L' Hirondelle par A. Piguet.

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L'Hirondelle

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L'Hirondelle aujourd'hui


Le désenvasage



Un jour, au hasard d'une discussion, j'ai entendu parler d'un plongeur nommé Alain Vuagniaux qui avait décidé de désenvaser l'épave de l'Hirondelle et pour faire connaître son projet donnait une conférence au sein d'un centre de plongée bien connu de la région lausannoise.
Malheureusement, mes obligations professionnelles ne m'ont pas permises d'être présent ce jour-là. Ce fut sur le moment une grande frustration partiellement compensée il est vrai, par le fait que mon amie également plongeuse décida, elle, d'assister à cette conférence et put de ce fait prendre beaucoup de notes et me faire une synthèse très complète de ce qui fut discuté ce soir-là.

Très intéressé par ce projet qui, pour une fois, sortait du train-train quotidien, j'ai rapidement analysé la situation en me demandant quelle pouvait être ma contribution à cette aventure.

En effet, une plongée sur l'Hirondelle en tant que spectateur, n'est pas sans risques au vu de sa profondeur. Alors, y travailler dans des conditions plus que difficiles, dans un noir absolu, à manipuler une suceuse restait un sacré défi.

Après avoir mûrement réfléchi, avec quand même une point de regret, j'ai décidé de ne pas participer activement à ces travaux sous lacustres.

La première phase des travaux a débuté au début 1996 pour une durée de 3 à 4 mois. Basée sur la base d'un petit noyau dur d'environ 10 à 12 participants et volontaires bénévoles. Les conditions atmosphériques furent assez bonnes dans l'ensemble. A cette occasion, pour faire connaître son projet et recruter des volontaires, Monsieur Vuagniaux a donné un certain nombre de conférences dans la région lausannoise. Comme c'est souvent le cas, de nombreuses personnes furent intéressées à ce projet mais finalement peu se présentèrent sur le " terrain ". Mis à part le nombre limité de participants, l'équipe a rencontré d'autres soucis au niveau technique. En effet personne n'avait utilisé de suceuse auparavant. Et la première fois que le compresseur de la suceuse fut enclenché, tout le monde fut surpris de voir jaillir à 4-5 mètres au dessus de la surface du lac le tuyau qui, rempli d'air, était devenu une véritable bouée ! Ces petits désagréments furent résolus petit à petit, mais le plus gros problème fut d'ordre administratif avec les archéologues cantonaux à convaincre pour obtenir les autorisations nécessaires avant le début des travaux.


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L' Hirondelle

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La deuxième phase a commencé en février 2000 et a duré 10 jours. Cette fois l'équipe était composée de personnes ayant une grande expérience de la plongée (instructeurs de plongée, plongeurs professionnels etc.…) directement rémunérés avec les fonds propres de Monsieur Vuagniaux. Ce qui, bien que plus onéreux, avait l'avantage d'une plus grande régularité dans la planification et l'avancement des travaux. Il en ressortait également une plus grande sécurité pour les plongeurs. Il est en effet toujours un peu risqué d'utiliser des gens que l'on ne connaissait pas forcément bien et avec peut-être une grande disparité dans le niveau et l'expérience de la plongée. Bien que Monsieur Vuagniaux ait effectué une sélection avant d'envoyer quelqu'un travailler sur l'Hirondelle, il ne pouvait pas éliminer tous les risques.


Plongeur au palier. Photo Daniel Mazza

Le temps de plongée était de vingt à trente minutes, ce qui donnait environ 30 minutes de paliers à différentes profondeurs. Paliers toujours effectués à l'oxygène pur pour une plus grande sécurité. (NDLR pour des raisons de toxicité, les paliers en dessous de 6 mètres ne peuvent pas être fait en respirant de l'oxygène car celui-ci devient toxique à une pression partielle supérieure à 1.6 bar, pression partielle que l'on retrouve à 6 mètres sous la surface). Le temps de plongée, paliers compris, était donc d'environ une heure ce qui est raisonnable vu la température du lac à cette époque de l'année et également assez intéressant pour planifier une deuxième plongée plus tard dans la journée. (NDLR pour effectuer des plongées successives sans accident de décompression, il faut tenir compte de l'azote dissous dans le corps du plongeur au cours des plongées effectuées précédemment dans la journée.)
A la profondeur du dernier palier, il était tout à fait possible de communiquer avec les gens situés sur la barge par plaquettes et/ou via les plongeurs de sécurité venus à la rencontre de l'équipe sortante. A cette occasion, il était aussi possible de transmettre à boire et à manger pour un plus grand confort des hommes-grenouilles.

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L'Hirondelle

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Le désenvasage a bien avancé durant cette phase, notamment en raisondes bonnes conditions météorologiques et de la bonne visibilité sur l'épave. Il y a eu progressivement beaucoup d'améliorations mises en place suite aux bonnes idées des membres du team au fur et à mesure de l'avancement des travaux.
Finalement, à la fin des deux phases, le tiers du bateau environ a été nettoyé de sa gangue de vase. Donc à peu près jusqu'à la profondeur de 50 mètres. Ce qui représente un travail considérable car il y avait parfois des épaisseurs d'environ 80 cm de vase recouvrant le bateau. D'autant plus que si la première couche s'enlevait facilement avec la suceuse, la couche suivante nécessitait de " creuser " pour pouvoir l'aspirer.
Une petite touche sympathique et qui démontre le grand professionnalisme de l'équipe furent les spectaculaires prises de vues aériennes effectuées par Monsieur Pasche à bord d'un hélicoptère affrété spécialement pour l'occasion. Des images furent tournées pour l'émission " Passe-moi les jumelles " de la TSR ainsi que pour un film qui devrait sortir courant 2003.

Prise de vue aérienne de la suceuse en action par monsieur Jean-Jacques Pasche. Photo journal le matin du 29.12.1999

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L'Hirondelle

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Bien évidemment à l'heure actuelle, et malgré tous les moyens mis en œuvre par Monsieur Vuagniaux, le bateau est loin d'être entièrement nettoyé. Il y aura donc probablement dans le futur une nouvelle, voire plusieurs campagnes de nettoyage. Du point de vue financier, le projet à été lauréat du 1er prix (ex aequo) de la bourse de l'aventure 1997 organisée par le journal l'Illustré et a ainsi remporté la moitié des 5000 francs mis en concours. Pour le reste, et à ma connaissance, l'argent nécessaire pour ces travaux a été sorti de la poche personnelle de Monsieur Vuagniaux. D'ailleurs, à ce propos, on peut regretter le peu de moyens mis à disposition par l'Etat qui considère que c'est une initiative commerciale car un film sera tiré de cette action et de ce fait n'attribue aucun subside au nettoyage de ce vestige de la navigation sur le Léman. Et c'est d'autant plus dommage que si personne ne fait rien pour nettoyer le bateau, il va disparaître définitivement du paysage sous lacustre vaudois.
Une des solutions, serait peut-être de trouver des " investisseurs " dans l'économie privée. Ce qui bien sûr est plus facile à dire qu'à faire vu la situation économique actuelle et le peu d'intérêt des milieux privés pour investir dans une action qui ne rapporte rien en terme de rendement. L'Hirondelle n'ayant pas la notoriété du Titanic… ni ses trésors…

Alain Vuagniaux Photo : Daniel Mazza

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L'Hirondelle

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L'aspect juridique de l'Hirondelle



Contrairement à ce que je croyais, et avec beaucoup d'étonnement, j'ai appris suite à un échange de courrier avec Monsieur Denis Weidmann, archéologue cantonal, que l'Hirondelle n'est pas un monument historique classé mais que sa propriété ressort de l'Etat.


En effet, l'Etat est propriétaire des eaux publiques et des terrains sous-jacents. Il est donc aussi propriétaire des objets et sites concernés, au titre de la propriété immobilière. Au surplus, les objets qui n'appartiennent plus à personne et qui présentent un intérêt archéologique, historique ou scientifique appartiennent aux Cantons sur le territoire desquels on les découvre. (Art. 724 du code civil suisse).

Le cas des objets ou épaves dont un propriétaire privé peut encore justifier la propriété reste réservé. Ce peut-être le cas d'épaves récentes, appartenant à des particuliers ou à des compagnies d'assurances.

Dans le cas où des objets ou des fragments ont été prélevés, les articles 70 de la loi cantonale vaudoise sur la protection de la nature, des monuments et des sites du 10 décembre 1969 (LPNMS) et l'article 39 de son règlement d'application (RPNMS) prescrivent leur remise immédiate aux instances de l'Etat.

Dans le cas des travaux de désensablage effectués par monsieur Alain Vuagniaux et son équipe, il a été demandé et obtenu une autorisation du service des bâtiments, monuments et archéologie cantonale, à la condition générale que cette opération ne porte aucune atteinte aux vestiges. Le désenvasage de l'intérieur des cabines n'a pas été autorisé afin d'éviter un possible effondrement de celles-ci. Ce qui reste d'ailleurs à prouver. Bien sur, tout prélèvement d'objet ou de structure de l'épave était interdit.

Il faut également préciser que la pratique de la plongée sous-lacustre sur l'épave ne nécessite aucune autorisation (excepté le fait de pouvoir parquer son véhicule). En effet, la législation suisse ne prévoit semble-t-il aucune limitation à la pratique de cette activité, en laissant au domaine privé ou associatif le soin de réglementer et de former les personnes.

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L'Hirondelle

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La plongée loisir / photo

Aujourd'hui, le destin de l'Hirondelle est de servir de but d'immersion aux plongeurs de la région lémanique. Elle repose donc au large de la Becque-de-Peilz, à environ 200 mètres du bord, non loin des balises de hauts-fonds. Après avoir palmé cette distance en surface, il suffit de prendre correctement les amers puis de commencer la descente pour trouver rapidement le sillon laissé par le navire lors de son naufrage et de le suivre jusqu'à l'épave dont la proue se situe à moins 42 mètres sous la surface du lac Léman.

Elle voit donc presque quotidiennement des visiteurs armés de puissantes lampes et/ou d'appareils photos fascinés de lui rendre visite.

Pour les gens qui aimeraient bien la rencontrer mais qui n'ont pas spécialement envie de se mouiller, il existe également la possibilité d'utiliser le sous-marin F.A Forel de la Fondation Jacques Piccard à Cully, qui effectue régulièrement des plongées d'une durée d'environ 1 heure avec un pilote et deux passagers à bord pour un prix de FR 350.- par personne. Pour mettre le maximum de chance de son côté, la visibilité du lac n'étant pas toujours optimale, il est fortement recommandé d'effectuer cette plongée en hiver, lorsque l'eau du lac est vraiment à une température glaciale (~4°/5 °), ce qui permet de pratiquement garantir une bonne vision du bateau.
Quelques 2000 écoliers vaudois âgés de 9 à 16 ans principalement du nord et de l'est vaudois, ont d'ailleurs eu la chance de pouvoir effectuer cette plongée grâce à la générosité d'un mécène anonyme et de sa famille, qui a financé depuis l'année 1999 jusqu'à l'automne 2002 cette action avec l'accord du département de formation et jeunesse du canton de Vaud.

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L'Hirondelle

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Conclusions



Aujourd'hui, l'Hirondelle est toujours là, partiellement dégagée de sa vase et continue de faire le bonheur de nombreux plongeurs. Il y a fort à parier qu'elle sera encore là demain et après-demain. Mais qu'en sera-t-il dans 50 ou 100 ans ? Y aura-t-il un nouvel Alain Vuagniaux décidé à recommencer cette immense tâche de nettoyage ? Le bateau en bois et en fer n'aura-t-il pas complètement disparu rongé par la rouille ? La vase l'aura-t-elle entièrement recouvert ? Bien sur, on ne peut pas prédire l'avenir, l'avancée de la technologie, les priorités politiques et économiques. Toutefois, il est probable que l'Hirondelle finira par disparaître définitivement. Ce jour-là, une petite partie du patrimoine de ce canton sera définitivement perdue, ainsi qu'une grande source de bonheur pour les amoureux d'épaves.




Bilan personnel




J'ai appris à plonger au cours de l'été 1993. Cela ne fait donc pas tout à fait 10 ans. Durant cette période, j'ai eu l'occasion d'effectuer plus de 1200 plongées, la majorité de celles-ci en lac. J'ai donc eu l'occasion de connaître l'Hirondelle durant cette période en tant que plongeur.

Ce travail personnel m'a donné l'occasion de mieux connaître ce bateau du point de vue historique et légal à travers les nombreux livres, articles de presse, et témoignages recueillis. J'ai beaucoup apprécié les discussions engagées avec les différentes personnes qui ont eu la gentillesse de m'accorder un peu de leur temps libre.

Bien que la rédaction de ce travail de mémoire me semblait au départ fastidieuse, j'ai finalement eu beaucoup de plaisir à le rédiger. Ceci m'a permis de prendre confiance en moi pour la composition de sujets les plus divers.

J'ai donc pu d'une part approfondir un sujet qui me passionne et acquérir une meilleure maîtrise rédactionnelle.

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L'Hirondelle

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Bibliographie




Jacques Christinat, Bateaux du Léman, Yens-sur-Morges, Editions Cabédita, 1991, 259 pages.

Edouard Meystre, Richard-Edouard Bernard, bateaux à vapeur du Léman, Paudex, Editions de Fontainemore, 1976, 124 pages.

Olivier Dedie, Quand l'Hirondelle s'échouait devant La Becque, Rolle, 2000, 40 pages

Revue Aquatica no 3, octobre 1970.

Journal Nereus, organe officiel de la fédération Suisse de sports subaquatiques

Notes personnelles de Monsieur Vuagniaux.

Sites internet :

http://www.swissdivers.ch

http://www.plongeepassion.ch

http://www.scaph.ch

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L'Hirondelle

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Remerciements


Un grand merci à Monsieur Daniel Mazza pour ses photos sous lacustres de l'Hirondelle qui ont nécessité de nombreuses plongées souvent en solitaire, dans des conditions difficiles voire dangereuses.

Un tout grand merci à Monsieur Alain Vuagniaux pour sa gentillesse et son professionnalisme et qui n'a pas hésité une seconde à me confier son dossier personnel et ses précieuses notes sur l'Hirondelle et sans qui ce travail n'aurait pu être fini.

Tout mes remerciements également au bureau Jacques Piccard de la fondation pour l'étude et la protection de la mer et des lacs.

Et finalement, un grand merci à mon amie Ariane et au petit Aurélien pour le temps que je n'ai pu leur consacrer.

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L'Hirondelle vue depuis le sous-marin F.A Forel Photo Daniel Mazza

Janvier 2000 Installation de la barge et équipe de nettoyeur. Photo Daniel Mazza. Nikon f90x + 20-35 mm F.2.8 film diapositive fuji sensia 100 asa.

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Mis à jour le 05 juin 2017 | mazzasubphoto@bluewin.ch

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